Votre plan de cours

► Préparez tous les aspects structurels de votre cours.

• Quel sujet comptez-vous aborder ? Dans quel ordre ?
• Comment allez-vous le décomposer ?
• Combien de temps allez-vous passer sur chaque partie ?
• Qu’est-ce qui relie ces éléments entre eux ? Et avec les précédents cours ?

► Cela inclut de préparer des plans B.

Qu’allez vous enseigner si vos élèves apprennent plus vite que prévu ? Comment gérerez-vous un groupe plus lent ? Et si vous avez un mélange de ces deux types d’élèves ? N’oubliez pas d’ailleurs de préparer des musiques pour votre solution de rechange.

Répétez !

Je conseille d’enseigner par itération : commencez par exemple par introduire le cadre et les changements de poids, puis revenez régulièrement à ces notions et ajoutez-en d’autres. La mémoire de vos élèves se construira ainsi progressivement et ils auront en tête une structure claire et logique de votre danse.

Envisagez de leur montrer rapidement un pas afin d’observer qui y parvient facilement. Puis décomposez ce pas en mouvements simples et travaillez là-dessus. Ainsi, vos élèves ont conscience de leur objectif et peuvent contextualiser chaque mouvement de la figure.

Pour illustrer mes propos, voici un commentaire récent que m’a laissé l’un de mes élèves de mon cours de Stanford : « J’adore la façon dont Richard nous laisse "essayer" une figure avant de nous l’apprendre, ce qui nous permet de mieux la comprendre. »

Parfois je pousse cette approche un peu plus loin, en montrant une figure et demandant aux élèves de l’imiter avant que je la détaille. Quand ils essaient, ils découvrent eux-mêmes où se situent les difficultés et écoutent plus attentivement les explications. Cela les conduit à se poser les questions importantes et à vouloir comprendre comment la faire.

Un autre avantage de ce processus d’itération est qu’il répond aux besoins de classes tous niveaux. J’encourage les débutants et ceux qui apprennent lentement à s’arrêter au niveau de détail qui leur convient, pendant que j’ajoute quelques détails pour les élèves les plus avancés. Et j’insiste sur le fait que les précisions que je donne sont optionnelles.

Ce processus itératif est particulièrement adapté aux danses de couple. Si vous enseignez une version simplifiée d’abord, alors ceux qui apprennent lentement pourront continuer de danser simplement, quand les élèves plus avancés travaillerons sur des détails. Ils pourront rester dans leur zone de confort, ce qui est important pour qu’ils retiennent le nouveau contenu. De cette manière, ils ne craindront pas de ralentir leurs partenaires dans leur apprentissage.

► La zone de confort des élèves.

Vos élèves atteindront leur rythme optimal d’apprentissage s’ils sont juste au-dessus de leur zone de confort — juste assez pour rester stimulés et motivés, mais suffisamment proche pour ne pas être stressés ou abandonner.

Quand un élève est poussé hors de sa zone de confort, il se bloque. L’apprentissage s’arrête. En outre, il se dit « je ne me sens pas à l’aise dans ce cours » et ne reviendra sans doute pas au prochain.

L’inconfort peut aussi être culturel. Les élèves d’Asie sont souvent gênés par la proximité des danses de couple ou par le fait de soutenir le regard du partenaire. La proximité peut aussi parfois mettre les jeunes femmes mal à l’aise. Je présume que vous pourriez dire « surmontez cela » mais ils apprendraient mieux, et resteraient dans votre cours, s’ils n’étaient pas poussés hors de leur zone de confort. Si la proximité ou l’échange de regard sont nécessaires pour votre danse, ils s’adapteront en temps voulu — mais pour cela ils doivent continuer à suivre vos cours.

Ce conseil est important. Si vous avez trop de nouvelles informations avec cette liste de conseils, travaillez juste sur ce dernier point (la zone de confort) pour l’instant. Surveillez attentivement les progrès de vos élèves pour adapter le rythme de vos cours afin qu’ils ne soient ni ennuyeux ni stressants. Surveillez surtout le rythme d’apprentissage de la moyenne, sans trop vous préoccuper de ceux qui comprennent instantanément ou de ceux qui rencontrent des difficultés (nous en parlerons plus tard).

► Ne vous énervez jamais en cours.

Point. Aucune exception. Il y a tellement de raisons qui en font un point crucial, qu’il ne devrait pas y avoir besoin d’expliquer. Vous perdrez le contrôle de votre classe en perdant le contrôle de vous-même. (Comment pouvez-vous penser gérer une classe si vous ne parvenez pas à vous gérer vous-même ?) Et vous perdrez le respect de vos élèves par la même occasion. Votre colère va aussi diminuer leur vitesse d’apprentissage en créant de l’anxiété.

Mettez-vous au niveau des danseurs débutants.

On me demande souvent comment décomposer une danse en mouvement pour pouvoir l’enseigner. Il n’y a bien sûr pas de formule magique – les danses sont trop différentes pour en extraire une formule commune – mais voici une astuce que je trouve efficace :

Il se peut que vous ayez tellement pratiqué votre danse que vous ne vous souveniez plus à quel point elle peut être difficile pour un débutant. Imaginez-vous maladroit. Posez vos pieds comme s’ils étaient lourds et instables, presque soûls, et observez là où vous vacillez. Quels sont les changements de poids et les astuces qui faciliteraient votre danse ? Je trouve que commencer avec la gestion du poids m’aide à établir le plan de mes cours et à décomposer chaque figure.

Par ailleurs, quand vous enseignez à des débutants, essayez de vous souvenir de tous les aspects qui vous étaient difficiles quand vous débutiez. Regardez votre danse du point de vue des débutants. Certains des pires professeurs que je connais sont d’excellents danseurs qui ne savent pas identifier les difficultés que rencontrent les débutants (car tout leur semble facile). Ils ne savent pas comment les expliquer à leurs élèves. Souvenez-vous de ce que vous aviez trouvé difficile lors de votre apprentissage.

Une autre façon de comprendre les débutants est que vous appreniez à effectuer le symétrique des mouvements, en utilisant les pieds opposés et en tournant dans la direction inverse. Cela rendra cette figure nouvelle, et vous pourrez découvrir que ce que vous trouviez facile est en réalité ardu pour un débutant.

► Faites appel aux mémoires visuelle, logique, auditive et kinesthésique de vos élèves en décrivant la même étape de plusieurs manières.

Quelques personnes progressent mieux quand ils ont des détails à retenir, d’autres ont besoin d’avoir une vue d’ensemble et de savoir comment tout s’agence. Vous devrez proposer ces deux approches dans vos cours, donc pensez à inclure tant les détails que les concepts pour satisfaire chaque type d’élève.

Certains pensent visuellement, donnez-leur des supports visuels, peut-être des schémas des figures dessinées sur un tableau (juste des images, sans mots). Certains réfléchissent avec des nombres : précisez à quel point il faut tourner ou faire un pas. Pour ceux qui mémorisent mieux les sensations, dites ce qu’il faut ressentir quand la figure est bien faite.

Ne ralentissez pas votre cours en alternant entre ces approches. Gardez vos élèves en mouvement. Comme ils doivent répéter les figures, vous pouvez les décrire de plusieurs manières pendant qu’ils pratiquent.

Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille de consulter la page Wikipédia de la théorie d’Howard Gardner sur les intelligences multiples.

► Si vous enseignez une danse de couple, pensez toujours au rôle de la cavalière.

De nombreux professeurs font l’erreur de ne s’adresser qu’aux cavaliers, sans offrir de suggestions ni de conseils aux cavalières.

Conseils

Répétez les idées importantes pendant vos cours et faites-le d’une manière différente à chaque fois. Dire quelque chose une fois ne veut pas dire que tout le monde l’a entendu, ou l’a compris. C’est particulièrement vrai dans un cours de danse, où les élèves sont souvent en train de réfléchir aux mouvements plutôt que d’écouter le professeur. Ce n’est qu’après la deuxième ou la troisième fois qu’ils comprendront le conseil donné.

Quelques professeurs conseillent d’enseigner la version majoritaire d’abord, puis les variations et les styles originaux ensuite, car les personnes retiennent mieux la première version qu’ils apprennent.

Envisagez d’enseigner les figures les plus difficiles en début de cours (après avoir vu les bases) pendant que les danseurs sont encore en forme. Cela leur permet aussi de pratiquer les pas difficiles plus longtemps durant le cours.

Si vous enseignez une séquence de mouvement et qu’elle se termine par un pas difficile, vous risquez de frustrer vos élèves. Vous ne voulez probablement pas leur apprendre cette figure difficile quand ils sont fatigués et qu’ils ont appris trop de nouvelles choses. Peut-être pourriez-vous enseigner le pas difficile d’abord et travailler en sens inverse. Cela permettra également aux élèves de répéter de nombreuses fois les pas les plus difficiles.

La meilleure solution est souvent de chorégraphier vous-même et de commencer chaque séquence par un pas facile (mais gratifiant) pour s’échauffer.

Voici une autre approche pour écrire son plan de cours : pensez spectacle, et construisez votre cours comme une pièce de théâtre en trois actes :

Acte 1) Votre première impression. Vous n’avez qu’une seule chance de faire une première impression et il sera très difficile de la changer.

Acte 2) Comme si vous écriviez un bon polar, laissez des indices de ce que vos élèves doivent savoir. Quelles sont les motivations des acteurs (vos élèves) ? Comment les atteindre ? Le sujet de la pièce est votre danse – quels figures doivent-ils apprendre en premier et pourquoi – mais l’intrigue de votre cours est comme dans un roman policier.

Acte 3) Le final, la dernière impression, qui rendra vos élèves heureux et satisfaits.

Après avoir fait votre plan de cours, mémorisez-le. N’apportez pas vos notes de cours pour les lire ; vous pouvez toutefois les garder sur votre table afin de les parcourir pendant qu'ils pratiquent. Vous devez montrer à vos élèves que vous maîtrisez parfaitement votre contenu, sans coller à vos notes.