Conclusion

Bravo d'être allé aussi loin ! Pour finir, voyons quelques autres conseils qui ont leur importance pour un cours réussi

14/ Divers

N’oubliez pas les échauffements et les étirements quand cela s’avère nécessaire.

Pour les danses de couple, n’oubliez pas de changer de partenaire régulièrement. Les élèves apprennent beaucoup plus vite quand ils changent de partenaires, avec le bénéfice supplémentaire d’apprendre à danser avec des gens de toutes les formes, tailles et niveaux. Beaucoup de danseurs viennent avec un partenaire de prédilection, avec qui ils dansent en premier et pour la dernière danse du cours, donc j’essaie de modifier ces couples de temps en temps.

Envisagez de proposer à vos élèves des documents bonus ou des musiques sur lesquelles s’entraîner. Vous pouvez également mettre en ligne un programme, ou envoyer par email la description du cours aux élèves après la classe.

Soyez généreux dans votre appréciation d’autres danseurs et professeurs. Ce n’est pas une simple attention à vos collègues, cela se reflète aussi sur vous : tout le monde sait que des professeurs confiants en eux sont indulgents envers leurs concurrents.

Un idéal auquel j’attache beaucoup d’importance est d’utiliser la danse pour illustrer un concept supérieur, comme le partenariat, un moyen de s’améliorer, de nouvelles façon d’utiliser son corps et son esprit, de faire des analogies avec les relations humaines, bref au-delà des passes, d’en faire une philosophie. Mais c’est optionnel. C’est admirable si vous pouvez enseigner des valeurs en plus des pas, mais ce n’est pas nécessaire.

Inquiétez-vous plus de la progression de vos élèves que d’améliorer votre propre réputation. Votre dévouement doit être sincère et pas juste une apparence. Un enseignement efficace est tel une danse de couple, dans le sens où vous dansez principalement pour le succès et le plaisir de votre partenaire plutôt que pour simplement étaler vos compétences.

Cet intérêt pour vos élèves plutôt que pour votre personne est un signe de maturité de votre part. Les jeunes enfants réclament constamment de l’attention « regarde-moi maman ! regarde papa ! ». Ensuite ils grandissent, et (espérons-le) s’assagissent, accordent plus d’importance aux progrès et sentiments des autres. Les quelques professeurs qui ne comprennent pas ceci ressortent aux yeux de leurs élèves comme égocentriques, plus intéressés par déballer l’inventaire de leur érudition que d’aider leurs élèves à progresser.

Dans votre cas, je suis certain que vous êtes dévoués à la réussite de vos élèves, sinon vous n’auriez pas atteint la fin de ces conseils.


Postface

Enseigner vous rend plus intelligent⋅e

Jetez un coup d’œil à ma page : Use It or Lose It: Dancing Makes You Smarter (anglais). Ces comptes-rendus de plusieurs études montrent que la prise de décision rapide maintient ou augmente votre intelligence avec l’âge. Enseignez à une classe implique des prises de décisions encore plus rapide que dans la danse, donc c’est encore mieux pour vous.

J’aime la définition de R. Buckminster Fuller d’un génie. Selon lui, le génie n’est pas seulement une quantité ou une capacité, mais une combinaison de pensées intuitives et rationnelles, provenant à la fois de la pensée horizontale et verticale. Et l’usage de ces deux types de pensées doit être simultané, pas « je pense de manière rationnelle tôt le matin puis de manière intuitive une heure après ». Le génie est d’être à la fois totalement intuitif et totalement rationnel, d’analyser à la fois la vue d’ensemble et les plus petits détails.

Enseigner à une classe, quel que soit le sujet, est une des situations ultimes de combinaison simultanée de pensées verticales et horizontales, alors que vous planifiez les stratégies de transformation grâce à vos estimations spontanées des progrès de vos élèves. Mais, comme le montrent des études, l’enseignement dépend plus de continuelles prises de décisions à la seconde près que de répétition de routines. Vous n’avez pas besoin d’être un génie, mais pour conserver un esprit vif plus longtemps, ne suivez pas toujours le même plan de cours. Enseignez-le différemment chaque fois, effectuez spontanément des changements pendant le cours. Présentez des sujets que vous n’avez jamais enseignés, mettez-vous au défi. Préparez minutieusement votre plan de cours, mais accueillez les remaniement fortuits. Procédez ainsi tous les jours.

Submergé⋅e ?

Le cerveau humain ne peut suivre simultanément que tant de conseils, n’essayez pas d’atteindre la perfection. Elle n’existe pas. Si suivre certains de ces conseils vous aide à être plus performant, même de 5%, c’est déjà exceptionnel. Ne soyez pas trop sévère avec vous-même, vous vous améliorez à chaque cours. Permettez à vos compétences de se développer à leur vitesse.

Mais vous devez essayer. Améliorer votre enseignement demande de la concentration et des efforts. Vous pouvez lire ces conseils, les comprendre, et même être d’accord avec certains, mais rien ne changera tant que vous ne les incorporez pas à votre pédagogie. Cela demande un effort conscient de votre part, et de la pratique. N’oubliez pas de prendre beaucoup de notes avant et après vos cours.

Amusez vous, et ce tout le long du processus. Certains professeurs stagnent sur le fait qu’ils n’ont pas encore atteint leurs objectifs, et ont hâte d’être aux jours où ils les auront accomplis. Non, c’est beaucoup plus valorisant de réaliser que vous y êtes déjà, totalement pris dans le moment, en aidant les autres. Qu’existe-t-il de plus grisant ? Profitez-en !

Remerciements

J'aimerai remercier tant les bons et mauvais exemples que j'ai vu tout au long de mes années d'enseignements. J'apprends autant des mauvais exemples que des bons.

J'aimerai remercier Angela Amarillas qui a été ma partenaire de cours pendant ces 22 dernières années, me donnant d'excellents conseils et retours à chaque fois.

Et sur ce sujet, j'aimerais remercier celui qui est mon collaborateur depuis 30 ans, Joan Walton, pour avoir participé à de très nombreuses discussions sur la pédagogie. C'est une personne fantastique.

Richard Powers