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Comment gérer un cours à deux ? Quel rythme donner à son cours de danse afin de motiver les élèves et de faciliter leur progression ?

8/ Enseigner en équipe

Quelquefois un cours est donné par un couple de professeurs, qui interviennent équitablement. Le but est principalement d’offrir un point de vue additionnel.

Cet arrangement peut être efficace s'il est correctement mis en place, et problématique sinon.

Le problème le plus souvent rencontré dans un cours à deux voix est que le temps de parole est deux fois plus long, sans pour autant apporter assez d’informations nouvelles pour justifier ce dépassement sur le temps de danse, ce qui transgresse une des règles principales de l'enseignement.

Si vous enseignez à deux avec un partenaire ou collaborateur, ne reformulez jamais ce qu’il vient de dire, même si vous pensez que votre façon de présenter est meilleure. Votre modeste « amélioration » dans l’expression vous fait perdre du temps… Ce n’est pas très efficace. Si vous commencez à vous dire « je ne l’aurais pas dit comme ça », ajoutez immédiatement « mais ça suffira pour le moment ».

Pire encore, l’enseignement en équipe peut conduire un des professeurs à vouloir approuver tout ce que son partenaire dit. En avez vous déjà fait l’expérience ? Un professeur vient de finir de décrire une passe, et le second se sent obligé de donner son approbation, rajoutant encore des paroles inutiles « je suis d’accord bla bla bla ». Les élèves n’ont pas besoin de savoir que vous êtes d’accord, ils assument que c’est le cas puisque vous enseignez ensemble. Ils veulent danser, et non vous écouter parler. L’approbateur pense certainement qu’il complimente son collègue en agissant ainsi, mais cela sous-entend qu'en réalité les explications d’un collègue n’ont aucune valeur sans l’approbation de l’autre.

Une autre situation catastrophique : quand les deux collaborateurs comptent et/ou parlent sur la musique, les deux au même moment avec des discours différents. Si vous ne parlez pas dans un micro, vos élèves peuvent être capables de deviner spatialement l’origine des deux voix. En revanche si les deux collaborateurs parlent dans un micro, les deux voix vont se mixer en un brouhaha inintelligible dans les hauts parleurs.

Un cours à deux voix efficace est préparé à l’avance, qui dit quoi, avec un unique flot d’information transmis en alternance par les deux voix. Quelques rares collaborateurs ont un sens inné de ce tempo particulier à adopter sans le travailler à l’avance. Malheureusement, un cours à deux voix mal réalisé peut diminuer l’efficacité de l’enseignement.

Pour conclure : ne perdez jamais votre but de vue. Vous voulez que vos élèves capturent l’essence du sujet de la manière la plus efficace possible. Vos élèves sont intelligents − ils savent qu’une unique voix ne marginalise aucun genre ou rôle, et peut décrire de manière précise à la fois le point de vue du cavalier et de la cavalière. Ils sont ici pour apprendre à danser, et apprécieront un cours bien structuré. Si vous êtes capable de la faire à deux voix, c’est parfait !

9/ Rythmer son cours

Ne pressez pas vos élèves. Assurez-vous qu’ils aient de solides bases avant d’avancer dans le cours. Si vous avez peur de les ennuyer, trouvez un autre moyen de les initier ou les distraire, plutôt que de juste leur enseigner encore plus de figures.

D’un autre côté, apportez quand même un certain rythme à votre cours. Ne le laissez pas s’ennuyer. Ils veulent avancer, pas vous écouter parler.

Si vous avez quelque chose d’important à leur dire qui durera quelques minutes, faites les s’asseoir pour vous écouter.

Pour diminuer le temps d’explications longue, je passe sous silence la partie historique et signification de la danse, et je leur en fais part par e-mail dans la journée. Ceci ne marche que si vous avez les adresses de tous vos élèves.

Trop rapide ? Trop lent ?

Le meilleur moyen de garder le rythme est de faire changer de partenaire, si vous enseignez une danse de couple. Vous serez surpris de constater à quelle vitesse le groupe va s’uniformiser autour des talents des individus. Ceux qui ont compris expliqueront à ceux qui sont plus en retard, qu’ils soient cavaliers ou cavalières, expérimentés ou débutants. Les couples qui ne changent pas de partenaires répètent souvent les mêmes erreurs sans le retour de quelqu’un qui a réussi à réaliser une figure.

On me pose régulièrement une question sur le rythme du cours : « combien de temps accordez-vous individuellement à vos élèves dans un cours ? »

Ce n’est pas une règle, mais ma priorité est pour la majorité du groupe. J’ai en tête ces professeurs qui passent du temps avec un couple en laissant poireauter le reste du groupe pendant cinq voire dix minutes.

Quelques fois, vous remarquez que des individus sont en difficultés ou confus, et que d’autres ont les mêmes problèmes. Vous pouvez donc éclaircir ce point pour tout le groupe. Je dis à mes élèves que mon cours n’est un hôpital pour soigner les difficultés spécifiques de certains. Je dis à ma classe « N’essayez pas de résoudre un problème qui ne se présente pas à vous ». C’est un commentaire sérieux et pas du tout ironique. Souvent vous corrigez un élève qui ne termine pas ses tours, puis vous remarquez ensuite un élève qui auparavant faisait ses tours parfaitement et tourne trop après vous avoir entendu !

Malheureusement, vous devrez parfois gérer des élèves qui demandent que vous fassiez une pause dans le cours pour régler un problème qu’ils sont les seuls à rencontrer. Les psychiatres nomment ce comportement le sentiment d’ayant droit. Dans ce cas, vous devez vous montrer ferme pour le bien de la majorité de la classe, pour que la progression des autres élèves n’en pâtisse pas.

Vous pourrez également avoir affaire avec des couples qui refusent de se séparer quand vous leur demandez. Ce n’est pas un problème en soi, mais il arrive souvent qu’ils soient l’unique couple qui ne parvienne pas à réaliser une passe, alors que les autres binômes ont réussi grâce à la rotation de partenaires. Vous vous en doutez, ce couple vous demandera souvent de ralentir le cours juste pour eux.

Quand passer à la suite ?

Une question proche que l’on me pose parfois est « Est-ce que vous continuez de travailler une figure jusqu’à ce que tous les élèves la maîtrisent ? »

La réponse est non. En moyenne, j’attends que 90% du groupe y parvienne. Les personnes restant rattraperont en général avec l’aide de leurs partenaires qui la maîtrisent. Les quelques élèves naturellement plus lents savent qu’ils le sont et préfèrent ne pas ralentir le rythme du groupe.