Les danses cousines du 4 Temps : le discofox

À l'occasion d'une conférence, je me suis rendue quelques jours à Munich en septembre 2018. J'ai profité de l'occasion pour découvrir le disco-fox, qui semble être une cousine de la Danse 4 Temps. Qu'en est-il réellement ?

Plusieurs écoles de danse de salon munichoises enseignent le disco-fox. Je n'ai rien trouvé aucune école spécialisée en disco-fox, et cette danse semble être vue ici comme une bonne introduction aux autres danses. Je justifie cette théorie par l'absence de cours et de professeurs spécialisés en disco-fox ansi que par la durée moyenne pour atteindre le niveau avancé (quelques mois).

Les écoles de danses auprès desquelles je me suis renseignée proposent des cycles de cours : 6*1h30 pour débutants, puis pour intermédiaire, puis pour perfectionnement. Ainsi, au bout de quelques 27 heures de cours, l'élève a atteint le meilleur niveau de ce que les cours munichois ont à offrir.

Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de me rendre à un cours, la plupart commençant à la mi-septembre (nous étions alors début septembre 2018).

Notons que le disco-fox se décline en plusieurs variantes, enseignées dans certaines écoles : le salsa-disco-fox, le chacha-rumba-disco-fox, etc. Je n'ai pas eu l'occasion de m'enquérir de leurs définitions.

Soirée

Je me suis rendue à une soirée dansante ayant lieu dans un bar organisant une soirée disco-fox tous les jeudis. J'ai suivi une heure de cours débutant, organisé par un professeur. Son assistante ne donnait pas d'explication, mais passait corriger les élèves lors des moments de pratiques. Tant les élèves que le professeur estiment qu'il n'est pas "un vrai professeur comme dans les écoles de danses", mais un amateur qui aime partager sa passion. Ce monsieur a quelques restes d'une posture de danse sportive ; il m'a semblé être le meilleur danseur de la soirée.

Le cours d'initiation

En une heure de cours, nous avons vu le pas de base et quatre figures ; les explications étaient entrecoupées de musiques afin de mettre en pratique les figures apprises. Le professeur n'a abordé aucun point de technique de danse (connexion, rythme, posture, etc.). J'ai suivi le cours en cavalière. Mon danseur avait apparemment de l'aisance et de l'expérience ; il m'a confirmé qu'il dansait plusieurs fois par semaines, et laissait libre cours à son imagination pendant les pratiques là où les autres répétaient soigneusement ce que le professeur avait montré. Pour autant, il faisait quelques erreurs (comparativement à ce que le professeur enseignait), notamment en serrant mes mains avec ses pouces.

Le disco-fox comporte un pas de base en trois temps, appris en position fermée. Pour la cavalière (version simplifiée) : transfert jambe droite, transfert jambe gauche, "tap" jambe droite en rassemblant légèrement derrière. Pour le cavalier : transfert, transfert, tap arrière. On dispose donc de trois déplacement de base : le déplacement vers l'avant, celui vers l'arrière et celui vers la droite (qui crée donc une rotation dans le couple).

Une fois que le pas de base simplifié est acquis, les élèves apprennent la version usuelle. Il s'agit de remplacer le troisième temps par un double transfert, qui ressemble à un rebond arrière-avant. La rythmique ressemble à 1-2-(&)-a-3. Il faudra parfois faire des grands pas afin de pouvoir réaliser les figures dans le temps imparti.

Voici un exemple de pas de base (oui, c'est du polonais) :

La soirée en elle-même

Quelques notes en vrac sur ce que j'ai pu observer :

  • La musicalité ne semble pas occuper une place importante dans le disco-fox à Munich. Si les breaks sont parfois marqués, les variations entre les phrases musicales, les changements d'intensité, les accents semblent absents du vocabulaire munichois. On danse toute la musique de façon homogène.
  • Il n'y a visiblement pas de ligne de danse (du moins pas en soirée). Le couple tourne beaucoup sur lui même. L'espace sur la piste est suffisant pour danser sans bousculer personne. Les cavalières reculent beaucoup pour chercher la connexion (ce qui pourrait être dangereux), mais ne vont pas jusqu'à l'extension complète de leurs bras.
  • Cavaliers et cavalières n'ont pas un cadre très développé. Ainsi, il faut prendre de l'élan pour guider un enroulé cavalière à une main et les cavalières ont du mal à tourner après mon guidage d'une compression+tour lâché. De même, les cavaliers guident avec leurs bras et se servent de l'élan pour amortir un mouvement et repartir dans l'autre sens. Notons que leur guidage reste toutefois souple et qu'ils ne forcent pas les mouvements, à part pour bloquer mes propositions. La notion de dialogue dans la connexion semble donc être absente, du moins à Munich.
  • La position de base est en position fermée, ainsi les danseurs y retournent régulièrement. Il est d'usage de commencer sa danse ainsi, par un bas de base.
  • Seuls le professeur et moi-même guidions des penchés. Les danseuses avec lesquelles j'ai dansé ont une posture+gainage corrects et soutiennent une partie de leur propre poids ; elles n'ont pas été surprise et ont su réagir (sauf peut-être pour quelques penchés peu communs, où elles se sont adaptées comme elle ont pu).
  • Dernières observations : à la soirée, la moyenne d'âge était autour de 40 ans. Il y avait quelques jeunes (±25 ans). Les bonnes danseuses portent des chaussures de danses latines. Il est d'usage de faire plusieurs danses consécutives (au moins trois) avec la même personne. Ainsi, le professeur n'a eut que quatre cavalières en deux heures. Les musiques s'enchaînent via des fondus. La playlist étaient presque exclusivement du disco (en allemand) ; il y a eut quelques chacha, rumba et slow fox. Le DJ n'a pas dansé. Last but not least, l'eau était payante (et il fallait consommer quelque chose en plus du prix de l'entrée et des vestiaires…).

Il existerait une danse proche du disco-fox, le m-jive (je présume qu'il s'agit du modern jive anglais). C'est une danseuse de disco-fox ne dansant pas le m-jive qui m'en a parlé. Selon elle, c'est une danse qui s'est récemment implantée à Munich et qui n'a que des transferts de poids en guise de pas de base.

Et pourtant…

Voici la vidéo des vainqueurs de la coupe d'Allemagne en 2017 (on remarque le changement de musique à 1:50 ^^) :

Que peut-on en conclure ?

Il y a un énorme gap entre le niveau moyen des danseurs (un "bon cavalier" à Munich serrait trop les mains de ses cavalière et n'utilisait pas son cadre) et celui des "vrais bons danseurs". Si le 4 Temps et le discofox ont peu en commun dans leur technique de danse, il y a de grosses similitudes dans les communautés (cours "avancés" accessibles en quelques mois, niveau global, etc.).

Pour lire d'autres articles sur le sujet, Mary-Lou Msika a réalisé une interview de professeurs et champions de discofox (fb).