Enseigner la danse

Devenir professeur de danse est un expérience enrichissante qui ouvre énormément de portes. Pour qui y met du cœur, ces textes de Richard Powers sont une véritable pépite.

Traduit librement des travaux de Richard Powers avec son aimable autorisation, par Marie-Morgane Paumard et Léa Torq, relu par Hélène Coste et Guillaume « De Gaulle » Lefeuvre. Richard Powers est professeur de danse à Stanford et historien spécialisé dans les danses de bal anciennes américaines.

Remerciements

J’adresse cette traduction à tous mes collègues et futurs collègues. J’espère qu’elle vous sera aussi utile qu’à moi et vous aidera à donner le meilleur de vous-même.

Ce texte est long et dense, n’hésitez pas à le parcourir dans le désordre et en plusieurs fois, selon vos besoin ! À chaque relecture, j’apprenais quelque chose de nouveau.

Merci de me faire remonter toutes les typos et traductions maladroites !

Une pensée pour Léa qui a consacré de nombreuses heures à m’aider dans ce projet. Merci :)

Marie-Morgane

0/ Introduction

En premier lieu, deux avertissements :

  • En donnant ces conseils, je ne souhaite pas donner l’impression de supériorité envers d’autres professeurs. Nous travaillons tous ensemble pour devenir de meilleurs profs et nous pouvons tous nous améliorer.
  • Les conseils prodigués ici ne sont que des suggestions, et non des règles absolues. Certaines de mes idées diffèrent des idéaux d’autres professeurs, comme vous pouvez vous y attendre.

Ainsi que trois remarques :

  • Les suggestions dont je vous fais part ne sont pas toutes essentielles. Je connais d’ailleurs de nombreux professeurs qui font le contraire. Ils ont pourtant des cours efficaces et ravissent leurs élèves.
  • Certaines de ces suggestions sont néanmoins particulièrement importantes, comme les écueils à éviter. J’ai indiqué ces points essentiels par le signe ▶ qui les précède. (Le conseil le plus important de ce recueil est en partie 6, précédé par une triple flèche.) Échouer à les appliquer risque d’engendrer des impressions négatives ou de la confusion chez vos élèves. Pour autant, la majorité de ces conseils ne sont que des recommandations. Ils rendent meilleur un bon cours, et les omettre ne le rendra pas moins bon.
  • Cette page est très longue, et certaines des meilleures suggestions sont à la fin. Vous pourriez vouloir les lire en plusieurs fois.

1/ Vue d’ensemble

Gardez à l’esprit vos objectifs généraux.

Lors de la préparation d’un cours, nous avons tendance à nous préoccuper de petits détails tels que les pas ou les figures, en nous concentrant sur le comment et en oubliant le pourquoi. On s’aperçoit ensuite que le cours est terminé sans que nous ayons donné de vision d’ensemble :

  • Que veulent apprendre vos élèves ?
  • Pourquoi prennent-ils vos cours ?
  • Qu’apporte la danse dans leur vie ?

Mettez-vous à la place de vos élèves afin de leur apporter ce qu’ils recherchent.

Soyez également conscient des spécificités de la danse que vous enseignez :

  • Quelle est la caractéristique de cette forme de danse ?
  • Qui la danse, et pourquoi ?
  • Qu’est-ce qui la rend plaisante ? (Trop de professeurs sont si concentrés sur l’amélioration de leurs élèves qu’ils en oublient le côté ludique et amusant.)
  • Pourquoi cette danse est-elle importante ?

Je sais que vous pouvez répondre à ces questions quand vous prenez le temps d’y réfléchir ; toutefois, si vous y pensez juste avant votre cours, vous remarquerez que votre enseignement aura plus de succès.

Pourquoi donc ? Parce qu’en pensant à ces questions juste avant votre cours, tous vos commentaires spontanés tendront vers vos idéaux et y participeront. Cette approche cognitive de l’enseignement est supérieure à l’approche linéaire qu’est votre plan de cours. Effectuer cette revue mentale avant votre cours est comme disposer ses instruments chirurgicaux sur le chariot avant une opération. Si vous conservez ces questions en tête, vous aurez plus de chances d’apporter les réponses durant votre cours.

Conseils variés :

Commencez votre cours d’une manière directe, amicale et franche. N’hésitez pas, surtout si vous êtes un jeune professeur qui peine parfois à attirer l’attention.

Ne commencez pas votre cours par de la théorie : mettez vos élèves en mouvement.

Apprenez à connaître vos élèves. À des groupes différents s’appliquent des approches différentes, selon leur expérience, leur âge, leur danse favorite et leurs ambitions (compétition ou loisir). Si vous rencontrez un nouveau groupe, renseignez-vous autant que possible sur vos futurs élèves, pour arriver préparé.

Prenez des notes détaillées sur tout ce que vous enseignez, notamment les concepts (comme la connexion). Quand vous créez votre plan de cours pour la première fois, vous retiendrez tous les détails durant le cours. Mais la prochaine fois que vous ferez ce cours, peut-être l’année suivante, vous aurez oublié la plupart des détails et des concepts que vous avez mentionnés. Vous serez alors heureux de pouvoir compter sur vos notes.

Actualisez vos notes. Juste après votre cours (ou sitôt que vous le pouvez), écrivez (1) qu’est-ce qui a fonctionné exceptionnellement bien, (2) qu’est ce qui n’a pas fonctionné, et (3) qu’est-ce que vous feriez différemment. Annotez votre plan de cours (avec un stylo rouge) en rayant ce que vous n’avez pas fait et précisez ce que vous avez ajouté sur le moment.

Prenez autant d’autres cours que possible et observez attentivement la pratique des autres professeurs. Cherchez ce qui fonctionne et ce qui pose problème puis notez vos observations.